"Rien, moins que rien, pourtant la vie." Aragon

A la découverte de la beauté et de la vie ...

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samedi 25 décembre 2010

Très heureuses fêtes de Noël ... Merry Christmas

Le premier Noël blanc en Belgique depuis 1964


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dimanche 19 décembre 2010

La mammé ...




Que d'émotion ! Les larmes aux yeux ...
Que de justesse dans ce poème et dans son interprétation !!!

Merci Odette de nous rappeler que nous serons toutes et tous un jour "la mammé" ou "le papé" ...
Merci à Yolande Vercasson qui a écrit ce poème fabuleux "Le papé"
En ces temps de Noël, puissions nous prendre soin ou nous souvenir de nos "mammés" !



Photo ©Frédéric Lypsic (voir lien en bas de l'article)


"Le papé de Yolande Vercasson

Il se tenait assis tout au bout de la table
Et nous impatientait souvent par sa lenteur.
On le voyait si vieux, si courbé, pitoyable,
Que l’amour peut à peu cédait à la rancœur.
Je le suivais partout ! c’était là, dans ma tête !
Il me suivait des yeux lorsque je travaillais,
Proposait de m’aider, maladroit, l’air tout bête !
Il gênait nos projets, notre vie, le papé !
Au bout de quelques temps, prétextant les vacances,
Je le menais plus haut, au flanc du Luberon
« Tu seras bien là-bas. Tu verras la Durance
Du haut de la terrasse de la grande maison.
Ces maisons-là, papé, sont faites pour les vieux.
Regarde comme ils semblent bien, ils ont l’air très heureux ! »
« Comme tu veux, petite, si c’est pour ton bien-être.
Monte de temps en temps, le dimanche peut être ? »
Je l’ai laissé tout seul, vivement, pas très fière.
L’air était encore chaud, pourtant je frissonnais,
Et le chant des oiseaux voletant sur le lierre
Me disait doucement : « Qu’as-tu fait du papé ? »
Les jours se succédaient, je cherchais la quiétude
Le travail me prenait, j’essayais d’oublier,
De noyer mes regrets au fil des habitudes,
Les souvenirs d’antan rappelaient le papé.
Même dans le mistral qui rasait la garrigue
Pour venir s’écraser au butoir de la digue
J’entendais cette voix qui ne cessait jamais
De dire à mon oreille : « qu’as-tu fait du papé ? »
Chaque brin de lavande, de thym, de romarin,
Me reprochait sans fin l’absence de l’aïeul.
Le murmure des sources dans le petit matin
Chantait sur mon cœur lourd des cantiques de deuil.
Le remord lentement s’installait dans ma vie.
Je revenais m’asseoir ou il s’était assis,
Sur le banc de vieux bois, près du puits, sous le chêne,
Et je laissais errer mes pensées sur la plaine.
Alors, je l’ai revu, avant, lorsqu’il marchait
Jusqu ‘au seuil de l’école, pour venir me chercher.
Je sautais dans ses bras, je l’embrassais, tout doux,
Et nichais tendrement ma tête sur son cou.
Il me portait un peu, puis, ma main dans sa main,
Il ajustait son pas pour bien suivre le mien.
Il m’expliquait les bois, les cabris, les moutons,
Les abeilles dorées et les beaux papillons.
Il cueillait aux buissons des réserves de mûres
Et m’offrait les plus grosses comme un présent de choix.
Il riait bruyamment en voyant ma figure
Barbouillée des reliefs de ce festin de roi.
Le soir près de mon lit, il venait me bercer
De chansons provençales, d’histoires de bergers.
Je m’endormais heureuse de sa chaude présence,
Pleine de rêverie, d’amour, de confiance.
Au long des souvenirs, mon cœur plein de pitié
A trouvé le repos. J’ai repris le sentier
Pour revenir tout droit à la grande maison.
Retrouver le papé, lui demander pardon.
J’ai pris tout simplement sa main, sans rien lui dire.
Une larme brillait au milieu du sourire.
Et c’est moi, cette fois, tout au long du chemin
Qui ajustais mon pas, pour bien suivre le sien.
Un papé c’est précieux, c’est tant de souvenirs !
Si vous en avez un, jusqu’au bout de vos jours,
Gardez-le près de vous. Quand il devra mourir,
Vous fermerez ses yeux dans un geste d’amour.
Aujourd’hui, par hasard, si le chant des cigales
Me pose la question tant de fois redoutée,
Je peux, le cœur tranquille, en digne Provençale
Répondre fièrement : « il est là, le papé »

Les photos merveilleuses et pleine d'humanité de Frédéric Lypsic : http://www.fredericlipzyc.com

Vidéo "Ma Grand-Mère" - Mickey 3D



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samedi 18 décembre 2010

Ensor démasqué ... Autour des expositons à Bruxelles, à l'occasion des 150 ans de sa naissance

Ensor au chapeau fleuri, 1883


Le peintre James Ensor est né il y a 150 ans.
A cette occasion, ING, le Musée Royal des Beaux-Arts d'Anvers et le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles ont décidé d'unir leurs forces et présentent de toutes belles expositions.

Pour comprendre l'oeuvre d'Ensor, peintre et graveur d'exception, les historiens de l'Art nous indiquent qu'il faut connaître sa vie.
Cet article ne se veut que donner quelques touches de sa vie, de sa pensée, de son oeuvre.
Ensor naît de père anglais, riche et bourgeois, ingénieur, qui sombre très vite, hélas, dans l'alcoolisme et décède très jeune. C'est pourtant le seul de sa famille à avoir cru à la carrière du peintre.

 "Portrait du père de l'artiste", 1881


La mère du peintre est ostendaise, de classe sociale modeste, qui tient une boutique de souvenirs, bibelots, coquillages et masques.

"Portrait de la mère de l'artiste", 1882


Ensor va très vite, dès lors, vivre dans un monde très féminin, entouré en outre de sa grande-mère et de sa tante.
Son atelier se situe dans la boutique familiale. Il a vu sur les toits d'Ostende.

 "Les toits d'Ostende", 1884

De belle prestance, Ensor est quelque peu narcissique (il a peint 122 autoportraits), de caractère ombrageux et angoissé, obsédé depuis sa prime jeunesse par la mort.
Mais il y a la mer, toute proche, la campagne flamande, la boutique emplie de merveilles, la ville et le Carnaval d'Ostende.
Ne voyageant pas, il peint tout ce qui lui est proche,

"Le phare d'Ostende", 1885


"Carnaval sur la plage", 1887


Il quitte sa ville pour suivre les cours à l'Académie de Bruxelles. Il considère qu'il n'y apprend que peu de choses, mais ce qui est important à ses yeux, ce sont ses collègues.
En effet, dans sa vie de peintre, ses compagnons joueront un rôle important, entres autres  : Fernand Khnopff, Léon Hoyoux, Willy Finch, Théo Hannon.

 "Portrait de Willy Finch au chevalet", 1882
 

 "Portrait de Théo Hannon", 1882


En 1884, il compte parmi les fondateurs du groupe des XX, cercle d'avant-garde qui allait exposer Seurat, Gauguin, Van Gogh et Cézanne..
Méconnu pendant ses années de génie, Ensor fut fêté dans sa vieillesse. 
A de nombreuses reprises, en effet, ses œuvres font l'objet d'attaques violentes à propos de son mélange de bouffonnerie et de cauchemar qui caractérise le génie d'Ensor, mélange dont il n'existe d'équivalent que chez Goya.

"Masques devant la mort"


"L'intrigue", 1890

 
L'historienne de l'Art, Francine-Claire Legrand, a écrit un livre remarquable sur Ensor, dont je me permets de citer ici quelques extraits.

"Ensor appartient à la race des génies précoces. 
A vingt ans, il accède à la maturité. Son geste est assuré, sa matière nourrie, sa palette tantôt stridente, tantôt d'une douceur pénétrante, tantôt sombre et réchauffée de lueurs. Il a sa place dans l'avant-garde.

 "Vue de la plaine des Flandres, 1876


 "Les deux moulins", 1880


Entre vingt-six et trente-deux ans, il bouleverse toutes les règles établies comme une rafale d'orage. Impossible de suivre encore ce novateur hors série. (...)

"Nature morte au canard", 1880


"Fleurs et légumes", 1896

"L'entrée du Christ à Jérusalem", 1885


"Vieille femme aux masques", 1889


Ses inventions ont échappé au contexte de l'époque, ses prouesses picturales sont en marge des techniques traditionnelles.
Une dynamique curviligne emporte son pinceau au travers des clartés d'aurore. Le drame cosmique fait explosion dans son oeuvre. (...)

 "Adam et Eve chassés du paradis terrestre" Etude de lumière, 1887


 "Après 'orage", 1880


Ensor demeure fasciné par l'être de solitude en son enveloppe charnelle. L'énigme de la condition humaine dans les espaces en mouvement excite son imagination. Il guette la mort embusquée sous les grimaces et squelettes en action sous les chairs.(...)


L'étonnement du masque Wouse", 1889
"Portrait de l'artiste entouré de masques", 1889


Lorsqu'Ensor meurt à quatre-vingt-neuf ans, il est à la fois célèbre et méconnu, victime de l'accélération des mouvements artistiques, dont il a le premier subi les effets.
N'a-t-il pas exploré en quinze ans plus d'un demi-siècle de peinture, partant du naturalisme, le transcendant par la monumentalité et l'esprit de synthèse, adoptant la peinture claire, mais s'en servant pour passer au-délà de la lumière, découvrant tour à tour la dimension du rêve, le pouvoir absolu de la couleur, la liberté de former ou de déformer au gré de son impulsion, puis réunissant en un bouquet trop éclatant le symbolisme, le fauvisme, l'expressionnisme ?"

Francine Claire-Legrand, "Ensor, précurseur de l'Art Moderne" , La Renaissance du livre, 1999


James Ensor, 1908, "La mangeuse d'huitres"


La mangeuse d'huitres m'a terriblement impressionnée ...Elle appartient à la période dite "claire" de James Ensor. Lumières, couleurs, équilibre, composition... Il se dégage une clarté inouie !

"Quelle joie, quelle fête, quelle liesse de couleurs répandues sur la table où la mangeuse a pris place ! Bouteilles, verres assiettes, citrons, vins, liqueurs s'influencent, se pénètrent de lueurs, entrent pour ainsi dire les uns dans les autres et maintiennent quand même, triomphantes, la solidité et la rigueur de leurs  formes", Emile Verhaeren, 1908



"La cabine de bain", 1876 (peinte à l'age de 16 ans)


"Marine au nuage blanc", 1884


La mer suscite pour Ensor de douces effusions.
"Ici je deviens mélancolique et voudrais habiter une grande cabane devant la mer. Je la tapisserais de coquillages nacrés et dormirais là, idéalement bercé par le bruit de la mer avec une belle fille flegmatique et blonde à la chair salée. Quel rêve délicieux et réalisable ! ..." Ensor



Deux tableaux durant la période majeure dès 1885 où Ensor aborde le côté fantastique. Se produit un changement radical. Les couleurs sont fortes (alors que le fauvisme n'est pas encore né) et les touches sont serrées et rapides. A cette époque, Ensor est en proie au doute, aux angoisses; il est perturbé et devient révolté.


"Les tribulations de Saint-Antoine", 1887


"La chute des anges rebelles", 1889


"L'art est fille de douleur et sauf de rares instants, j'ai pactisé avec les amertumes et les désillusions. J'ai été livré aux angoisses de la création, je suis tout seul ici devant la sévère peinture. La peinture est un art absorbant et terrible, elle ne donne jamais entière satisfaction." James Ensor


Photographie de James Ensor


150 ans après sa naissance, James Ensor fascine toujours.
Mais est-il vraiment démasqué ... ?

Lien d'une des l'expositions : http://www.ing.be/about/showdoc.jsp?docid=442920_fr&menopt=iso|ens|hom&WT.srch=1&WT.mc_id=690011_sea_FR&gclid=CJPvx5Hg9aUCFQZO4QodD17Gog

Vidéo


Visite de la maison Ensor à Ostende


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jeudi 9 décembre 2010

A une amie, Maria, qui m'a donné l'idée de créer ce blog ...

... J'ai voulu lui rendre un hommage bien mérité et partager, ici, quelques unes de ses très belle photos.
Qu'elle en soit tellement remerciée.
Maria partage avec moi entre autres le goût de l'Art, de la Photographie et du Beau.
Ces photos sont toutes empreintes de délicatesse, de sensibilité et de finesse.
Par ce modeste article, je "lui laisse la parole" ... et les rêves !

Dreams ? Dreams are just as an inner voice.
Life ? Life is also made of dreams. A powerful voice is loud and can be heard from a long way away.
Words ? A word, a photo or the warm feeling one gets from doing a good deed.
 
Maria Monteiro


© Photo Maria Monteiro - "Seeds"


©Photo Maria Monteiro - "Luminous"


©Photo Maria Monteiro - "Roaring Oceans"


©Photo Maria Monteiro - "Jacaranda"


©Photo Maria Monteiro - "Orchid"

 
©Photo Maria Monteiro - "Make a wish" 


 
©Photo Maria Monteiro - "Seeds"


©Photo Maria Monteiro - "Sleeping Beauty"


©Photo Maria Monteiro -  "Reflections"


©Photo Maria Monteiro - "Seed"


©Photo Maria Monteiro - "Weeds"


©Photo Maria Monteiro - "Autumn"


©Photo Maria Monteiro - An angel


"If I had a dream and it is both the singular and the plural
If the sense of dignity and decency,
will get a decent explanation.
Thinking it's been like that all along :
common decency and enlightened values.
If I breath and think...

If I can make the last 10 seconds exciting,
Gentle and deliberate and attention to detail
Or if I talk to other people just like that
If I had a sense of déjà vu
And if I make people believe,
The sun would be up again..."

Words and Dreams, Maria Monteiro


©Photo Maria Monteiro - "Sunshine"


Et puisque nous approchons de la fête de Noël, j'ai rajouté cette photo d'illuminations dans la ville de Maria, photo pleine de finesse.

A fabulous Christmas time full of peace, dreams and goods deeds.

©Photo Maria Monteiro - "Light"

"Even when the winter days are grey and cold, there is always something beautiful to see..." Maria Monteiro



©Photo Maria Monteiro


Note : Toutes ces photos sont © "tous droits réservés"  ~ All these photos are © "All rights reserved"











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mercredi 1 décembre 2010

Zao Wou-Ki, un peintre de la lumière et philosophe universel ...



Zao Wou-Ki est né le 13 février 1921 à Pékin au sein d’une famille de grands lettrés chinois appartenant à la famille Tsao, de la très ancienne dynastie Song
Il passe son enfance à étudier la calligraphie, puis la peinture chinoise et occidentale à l'école des Beaux-arts de Hangzhou.
Il est formé au croisement des deux traditions qui se partagent la formation des jeunes artistes, la tradition chinoise et l'académisme européen
En 1948, à 27 ans, Zao Wou-Ki part pour la France et s'installe à Montparnasse. Il fréquente l'Ecole des Beaux-Arts. Il rencontre Sam Francis,
Riopelle, Soulages, Hartung, Giacometti, Vieira da Silva.

Son style figuratif traditionnel chinois s'oriente progressivement vers l'abstraction lyrique, ses dernières créations faisant la synthèse entre l'art chinois et l'art occidental.
"Zao Wou-Ki est l'un des plus illustres représentants de l'abstraction lyrique. A travers son œuvre, il réussit la synthèse entre les moyens techniques de son héritage extrême oriental, et l'ambition plastique et poétique de l'abstraction lyrique occidentale."

Zao WouKi alterne peinture à l'huile, techniques de la gravure, calligraphie et peinture à l'encre de Chine.
A 90 ans, il apporte une dernière pierre à l'édifice de son oeuvre et réalise pour la première fois des vitraux.
En 1964, Zao Wou-Ki obtient la nationalité française grâce à André Malraux.
Titulaire de différents prix et distinctions honorifiques, Zao Wou-Ki a également été élu en 2002 membre de l'Académie des Beaux-Arts.

Je n'ai malheureusement pas pu identifier les titres de toutes les superbes œuvres reprises dans ce modeste article sur un des plus grands des peintres contemporains.



 "Hommage à Claude Monet" février-juin 1991

Ce superbe triptyque est un hommage à Claude Monet qui évoque d’une part le pont et les nymphéas de Giverny et d’autre part le pont que Zao Wou-Ki est parvenu à jeter entre la peinture chinoise et la peinture occidentale.

"Zao Wou-Ki aime le jeu de l’eau et des reflets. Déjà à l’époque à Hang-Tcheou, il était fasciné par la multiplicité de l’espace à la surface de l’eau, la légèreté de la lumière ou son épaisseur entre le lac et le ciel. Peut-être dans la peinture de Monet a-t-il retrouvé des ponts qui lui ont plu et qui lui ont permis d’avancer." Yann Hendge, historien d'Art et assistant de Zao Wou-Ki

"09.09.80" 

"Ce que je cherchais à voir c’était l’espace, ses étirements et ses contorsions et l’infinie complexité d’un bleu dans le minuscule reflet d’une feuille sur l’eau." Zao Wou-Ki





04-08-1993
74 x 59 inches (162 x 150 cm)


"Hommage à Henri Michaux" Triptyque
78 x 228 inches (200 x 750 cm) 


21-08-1995
78 x 64 inches (200 x 162 cm)



"Peindre, peindre, – Toujours peindre – Encore peindre – Le mieux possible, le vide et le plein – Le léger et le dense – Le vivant et le souffle." Zao Wou-Ki

'01.04.76 Triptyque Hommage à André Malraux"





10 janvier 2001
51 x 64 inches (130 x 162 cm)


"Ce qui est abstrait pour vous est réel pour moi." Zao Wou-Ki


LES VIDEOS

1. L'art du vitrail chez Zao Wou-Ki :




2. Video sur l'exposition "Zao Wou-Ki - Estampes et livres illustrés" : http://www.youtube.com/watch?v=i4z_--YsFgo
"Des planches extrêmement rares de l'artiste et de ses débuts permettent de comprendre le cheminement artistique depuis 1948 jusqu'à nos jours."
On y voit notamment l'influence qu'a eu Paul Klee sur ce peintre fabuleux. Cette vidéo est extrêmement importante, mais malheureusement désactivée sur YouTube.
Je n"ai dès lors pu partager que son lien.

3. Quelques peintures ...




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