"Rien, moins que rien, pourtant la vie." Aragon
A la découverte de la beauté et de la vie ...
mardi 9 février 2010
LA MER ... A une amie
Fermer les yeux, écouter la mer, sa musique, ...
"La mer se retirant révèle des trésors, paillettes posées sur le sable de l'estran ... Quelques grains de lumière, témoignages du cœur, petits cailloux sur le chemin de la vie".
Annick Sert
Sentir la respiration de la mer, sentir la respiration des fleuves...
"La nuit était étrangement douce, tandis que le ciel demeurait de plomb. Un vent humide du sud soufflait tranquillement. Comme d'habitude. Une odeur de mer se mêlait à un pressentiment de pluie. Les alentours étaient plongés dans dans une languissante nostalgie. L' herbe drue des berges aménagées résonnait du chant des insectes. A tout moment, la pluie semblait vouloir se mettre à tomber. Une pluie si fine qu'on se demandait si s'il pleuvait vraiment, et qui pourtant vous détrempait de pied en cap sous vos vêtements.
Dans la lumière blanche et incertaine des lanternes, on voyait courir l'eau de la rivière. Une eau peu profonde qui vous arrivait à peine aux chevilles. Elle était aussi claire qu'autrefois. Comme elle provenait directement de la montagne, il n'y avait aucune raison pour qu'elle fût polluée. Petits cailloux et terres sabloneuses rolait au fond du lit de la rivière où, ça et là, de petits barrages étaient destinés à arrêter les sables mouvants. Au bas de ces barrages, dans des trous d'eaux profondes, nageait des petits poissons.
Durant les périodes de sécheresse, le flux est littéralement bu par le fond sabloneux, ne laissant qu'un chemin de sable blanc légèrement humide. En guise de promenade, je décidai de suivre ce chemin en direction de l'amont et de chercher le point où la rivière était absorbée par son lit. Je finis par m'arrêter, croyant avoir découvert quelque chose, comme l'ultime filet du cours d'eau, puis, l'instant d'après, tout avait disparu. Les ténèbres des profondeurs de la terre l'avaient avalé furtivement
J'aimais les chemins en bordure des fleuves. Aller avec le courant de leur eau. Et sentir leur respiration au gré de la marche. Les fleuves vivaient. Ils avaient fait les villes. Au cours des dizaines de milliers d'année, ils avaient usé les montagnes, transporté les terres, comblé les mers, puis fait poussé les arbres. Depuis le début des temps, les villes leur appartenaient, et sans doute ne cesseront-elles jamais de leur appartenir.
En cette saison des pluies, les eaux coulaient dans leur lit, tout au long, jusqu'à la mer. Les arbres plantés en bordure de la rivière embaumaient la jeune pousse. Ce verdoiement imprégnait l'air en profondeur. Quelques couples étaient allongés sur l'herbe, épaule contre épaule, des vieux promenaient leur chien. Des lycéens fumaient une cigarette à côté de leur moto. Une nuit de début d'été comme tant d'autres. "
La course au mouton sauvage, Haruki Murakami,
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